Le monde semblait flou et je n'entendais que des voix lointaines parler autour de moi. J'étais incapable de bien voir ce qui m'entourait et je ne voyais qu'une danse d'ombre. Puis, alors que j'ai crus basculer dans l'abîme, des bras mon retenu. Ils étaient chaud, ils étaient forts, ils étaient tendre. Intuitivement, je me blottissais contre eux, tentait de me raccrocher au corps contre moi alors que les ombres menaçantes continuaient de tourner autour de moi.

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Une enseignante fendit la foule et tonna d'une voix claire qui ne semblait n'admettre aucun refus.

- Dispersez-vous!

Son regard sombre et effrayant passa entre ses paupières plissées alors qu'elle balayait la foule frissonnante du regard avant que cette dernière ne finisse par se disperser rapidement, tout le monde prétextant ayant soudain mieux à faire.

C'était Ichigo Rei, la prof d'art. Et sa réputation la précédait souvent. Elle était connue pour être aussi belle qu'acide, aussi élégante que désenchantée, aussi attirante que piquante.

Posant un regard suspicieux sur Naoki, l'enseignante le toisa un long instant sans dire mot avant de s'agenouiller auprès des deux élèves. Tout en observant Chun attentivement, elle posa sa main sur le front de la jeune fille. Cette dernière était toujours inconsciente, murmurant des mots incohérents dans son délire, ses mains se crispant parfois sur la chemise de son camarade de classe.

- Bien, Omura. Tu vas pouvoir m'expliquer ce qu'il s'est passé pendant que tu vas m'aider à l'emmener à l'infirmerie. Allez.

Elle se redressa et aida le jeune homme a mettre Cheong sur son dos puis elle l'invita du geste à lui emboîter le pas sans que personnes n'osent plus jeter un regard sur eux.

Il y a des moments dans ma vie ou j'aimerais pouvoir me téléporter en une fraction de seconde... bah ce moment en est justement un. Ichigo-sensei me fusille du regard. Merde elle semble regarder Cheong et moi donnant l'impression qu'on s'enlace. Est-ce qu'elle va pensé que j'ai profité de la situation ? Que j'ai profité d'une nouvelle élève ? Aïe... la situation pourrait tournée au vinaigre. Elle pose un regard suspicieux sur moi... ça y est j'en étais sûr... je vais m'en prendre plein la gueule si ça continue... help ! Je cherche les autres du regard mais bien évidemment tout le monde détourne les yeux... bande d'hypocrite va ! La prof s'avance et pose une main sur son front. Cheong crispe ses doigts sur ma chemise... pourquoi je le trouve adorable à ce moment là ? Purré Naoki ! C'est pas le moment elle va pas bien, concentre toi un peu.

- Bien, Omura. Tu vas pouvoir m'expliquer ce qu'il s'est passé pendant que tu vas m'aider à l'emmener à l'infirmerie. Allez.

Les paroles de la prof me sortent de mes pensées. Expliquer ? Mais expliquer quoi ? La Ichigo sensei se lève et me tire pour que j'en fasse autant. Cheong se retrouve sur mon dos et nous voila partie direction l'infirmerie. Le vent glacial vient fouetter nos visages lorsque nous sortons de la cafet. Poua... l'hiver est bien rude cette année. La voix de la prof me fait plus frissonner que le froid,

- Alors ? J'attends tes explications.
- Euh... je...

Je bafouille. Allez reprend toi Nao c'est juste une prof elle va pas te manger... ouais mais c'est Ichigo-sensei... une lutte intérieure semble prendre part dans ma tête. Lorsqu'elle se racle la gorge me faisant comprendre qu'elle perd patience je m'empresse d'expliquer la situation comme je peux,

- Je... je sais pas trop à vrai dire. On parlait simplement... je l'ai invité pour voir l'avant première d'un film qui semblait l'intéressé. Je... enfin comme elle est nouvelle je voulais faire plus ample connaissance avec elle vous voyez ? Alors je me suis dis que c'était une bonne idée mais soudain elle est commencé à suffoqué et elle s'est écroulé et... bah je sais pas ce qui c'est passé en fait...

Merde j'ai l'impression d'être redevenu un gosse de 8 ans qui essaye de justifier une bêtise auprès de sa mère. Je prends une grande respiration. Va falloir que je reprenne le contrôle sinon elle va me tailler en pièce...

- Je... je sais pas trop à vrai dire. On parlait simplement... je l'ai invité pour voir l'avant première d'un film qui semblait l'intéressé. Je... enfin comme elle est nouvelle je voulais faire plus ample connaissance avec elle vous voyez ? Alors je me suis dis que c'était une bonne idée mais soudain elle est commencé à suffoqué et elle s'est écroulé et... bah je sais pas ce qui c'est passé en fait...

L'enseignant l'avait écouté sans le regarder mais à la fin de son récit, elle avait posé un regard en coin sur lui qui avait quelque chose de flippant. Le silence avait duré quelques longues secondes puis il avait été rompu au moment ou ils avaient franchis les portes de l'autre bâtiment.

A ce moment, Cheong parla dans ses rêves, murmurant des mots équivoques tout en serrant un peu plus les vêtements de Naoki.

- Omura...san... Dame... Dasekete.... kudasai...

Cela stoppa Rei dans sa marche et un regard, promesse de mort, se posa sur l'élève.

- J'espère pour toi que tu n'as rien à voir avec son état.

Puis elle se mit en travers du chemin d'Omura avant de s'approcher de lui, sa haute taille lui permettant d'égaler celle de l'homme et de le toiser d'un regard sombre et vide de toute vie.

- Et si j'apprends quelque chose vous concernant tous deux, ça se passera mal... Très mal...

Puis elle posa son index sur le front du jeune homme et ajouta:

- Pour toi...

Elle appuya légèrement pour le faire reculé puis elle se détourna d'un pas agile et leste avant d'ouvrir la porte de l'infirmerie.

Cette dernière était vide et l'infirmière avait laissée un mot, déclarant qu'elle était appelée en cours de sport et qu'il fallait attendre son retour. Ichigo soupira en voyant le message puis se tourna de nouveau vers Omura.

- J'ai une réunion. Je vais devoir te laisser seul avec elle. Mais je sais que tu es là. Et je saurais s'il s'est passé quelque chose.

Puis, d'un visage toujours aussi expressif que celui d'un mort, elle s'en alla du même pas caractéristique, celui d'un fantôme qui semble trébucher avec beauté sans jamais tomber, laissant seul Naoki avec Chun.

Les quelques secondes de silence qui succèdent mon monologue me rendent mal à l'aise. Mais je crois que je me décompose totalement en entendant les paroles de Cheong, blottit dans mon dos. Mais qwaoiih?? "Dame" ??  "Dasekete"?!? Elle se fiche de moi ? Ca donne l'impression que je veux profiter d'elle ou pire... Mon visage se décompose lorsque Ichigo-sensei se stoppe et me lance un regard qui me fait froid dans le dos.

- J'espère pour toi que tu n'as rien à voir avec son état.

Et voila qu'elle se retrouve à quelques centimètre de mon visage. Je tente de reculer mais je me souviens que Cheong est sur mon dos et risque de heurter la porte si je le fais... putain mon coeur va lâcher si ça continue !

- Et si j'apprends quelque chose vous concernant tous deux, ça se passera mal... Très mal... Pour toi...

Son doigt sur mon front m’électrise... Comment un simple geste peut me donner l'impression qu'on vient de m'enfoncer une aiguille dans l'échine en me faisant avaler de l'acide ?

Je suis la prof en silence, me demandant comment j'ai bien pu atterrir dans une merde pareil ? Je relève la tête lorsqu'Ichigo soupire semblant irritée.

- J'ai une réunion. Je vais devoir te laisser seul avec elle. Mais je sais que tu es là. Et je saurais s'il s'est passé quelque chose.

Je l'observe partir, retenant ma respiration. Je ne peux m'empêcher de soupirer de soulagement quand je la vois disparaitre à l'angle du couloir. Cheong resserre son étreinte autour de mon cou ce qui me fait pensé que je devrai réagir un peu. J'entre donc dans l’infirmerie qui est......vide... j'avale ma salive en observant le lit immaculé de blanc, puis la porte, puis le lit avant d'observer à nouveau la porte. Allez Nao... ça va aller... Je m'avance dans la pièce sentant l’antiseptique. J'ai un peu de la peine avec ce genre d'endroit... ça me rappelle trop de souvenir. Je soupire puis dépose délicatement mon petit colis sur le lit moelleux. Mon regard est soudain attiré vers le bas lorsque je remarque que sa jupe remonte, dévoilant de belle jambes qui paraissent si lissent... stop Nao ! Je tire la couverture pour la couvrir en soupirant, la prof va me castrer si je continue comme ça. Je vais chercher une chaise à quelques pas de là puis m'assois devant le lit.  

Cheong semblait toute ignorante des tracas et des soucis de Naoki. Plongée dans son sommeil, elle dormait, sa respiration profonde et régulière soulevait doucement sa poitrine discrète alors que son visage était l'expression même de l'innocence et l'angélisme le plus pur.

La pauvre jeune fille n'avait guère dormi ces dernières nuits et elle profitait sans doute de ce malaise pour récupérer un peu de forces. Néanmoins, cela ne l'empêchait pas de trahir une manie qu'elle avait toujours eu en dormant, celle de parler.

Sauf que, contrairement à la dernière fois, cette fois-ci, Chun-Hei ne parlait pas très fort et ses lèvres ne faisaient que murmurer des mots à peine audible. Cela dura quelques instants avant qu'elle ne finisse par se réveiller sous le coup d'une impulsion aussi soudaine que surprenante.

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Je venais de faire un rêve dont je ne me souvenais pas. Mais une présence m'avait doucement tirée de mon sommeil et j'avais finis pas émergé. J'avais toujours dormi seule! C'était donc avec une certaine panique que j'ouvris les yeux.

Et je trouvais alors Omura au dessus de moi, tout... Tout proche de moi! En... Entrain de... De... Il...

Sentant le rouge gagner mes joues, je perdis mes moyens en comprenant que j'étais dans un lit et qu'il se trouvait sur le point de m'embrasser. Réagissant autant par instinct que par panique, je frappai sa carotide avant de tirer les couvertures à moi et de m'excuser précipitamment, autant étonnée de mon geste que de la situation.

- Go... Gomen!

Un petit moment passe. Je ne contrôle pas vraiment l'horloge murale... je sais que la pause midi doit être bientôt finit. Je devrai retourner en cours mais en même temps on m'a demandé de prendre soin d'elle. Poua qu'elle dilemme, je bascule ma tête en arrière pour observer le plafond. Trop de chose sont arrivées aujourd'hui. Le son d'une voix endormi me ramène à la réalité. Je me redresse pour observé la belle endormit. Je la vois murmurer... elle essaye de me parler ? Intrigué, je me rapproche de son visage, dans l'espoir de comprendre ce qu'elle veut dire.

Soudain cette dernière ouvre les yeux en grand. Surpris, je m'apprête a l’accueillir quand ma respiration se coupe d'un coup, me faisant tomber de ma chaise. Une douleur m'envahit et traverse mon corps comme une vague nauséabonde. Ma vision se trouble un peu. Il me faut quelques secondes pour réussir à aspirer à nouveau de l'air. Merde... qu'est-ce qui c'est passé ? Elle m'a encore frappé ? Je suis totalement perdu pour le coup je comprends pas ce qui vient de ce passé si ce n'est que je suis sur le sol et que j'ai la nausée. Je lève le visage pour voir une Cheong paniqué blottit dans des couvertures. Fait chier... c'est moi qui devrait être effrayé... elle a faillit me tuer. Je me lève mais soudain perds l'équilibre, tombant lourdement sur le sol.

- Merde... je crois que je vais resté quelques secondes de plus ici... le sol me semble soudain très accueillant...

Je rigole un peu mais je me sens pas vraiment bien en vrai. Comment un simple coup peut m'avoir complétement coupé le souffle et me donné l'impression d'être si... faible ? J'aime vraiment pas me sentir sans défense. Allez Nao... Il te faudra surement quelque minutes pour récupéré mais ça devrait aller... Je regarde Cheong avant de rigoler doucement,

- Tu sais, ça m’arrangerait si tu pouvais ne pas me tuer... j'ai pas prévu de mourir dans la semaine...

- Gomen! Gomen!

Mon dieu! Il n'allait pas bien! Il n'allait pas bien! Je pensais que les garçons étaient beaucoup plus solides! Je ne pouvais pas l'avoir mis dans un tel état à moi toute seule! Me redressant, je rejetais la couverture pour me lever. Mais, dans ma précipitation, je me prenais les pieds dans cette dernière et tombai, évidemment, sur Omura.

J'eus heureusement assez de réflexe, d'entrainement et assez de forces dans mes bras pour me retenir de m'écraser sur lui, posant juste mes mains de part et d'autre de lui, mon corps au dessus du sien. Les rôles venaient d'être inversés!

- Je... Je... Je... Non... Ne... Ne dit pas que j'ai fais ça! Je... Je ne veux pas être renvoyée!

Les larmes montaient à mes yeux alors que la panique me gagnait. Je l'avais frappé! Il n'allait pas bien! J'avais peur qu'il m'en veuille! J'avais peur qu'ils disent du mal de moi à tout le monde! On était que le premier jour! Pourquoi!

- J'ai... J'ai juste été surprise que tu essayes...

La gêne se mêlant à ma panique vint ajouter le rouge à ma détresse. Je me redressais sur lui, m'asseyant au niveau de son bas-rein. Le fuyant du regard, je terminai par dire ces mots qui terminèrent de me rendre écarlate.

- De m'embrasser...  

Après tout, je n'étais pas belle et il n'y avait que les gens méchants pour vouloir me faire des choses. Pas des gens gentils comme Naoki, si ?

Je m'apprête à lui dire que ce n'est pas si grave lorsque cette dernière projette la couverture sur le côté pour se lever. Je la vois soudain tomber et elle se retrouve au dessus de moi, ses bras de part et d'autre de mon corps. Je sens sa respiration contre moi... ses cheveux tombant en avant chatouille mon visage... wouaaah... ça fait... bizarre ? Le temps semble s'être figé, merde la situation pourrait pas être plus ambiguë qu'elle ne l'est actuellement !

- Je... Je... Je... Non... Ne... Ne dit pas que j'ai fais ça! Je... Je ne veux pas être renvoyée!

Mes yeux s'écarquille un peu... elle semble paniquée pour ce qu'il vient de ce passer et lorsque ses joues prennent une teinte rouge, je ne peux m'empêcher de trouver ça... mignon...

- J'ai... J'ai juste été surprise que tu essayes...

Putain Nao concentre toi... bordel elle est entrain de te parler ! Fait chier j'ai de la peine à comprendre ce qu'elle me dit... Je n'arrive pas trop à réfléchir pour dire vrai... Elle est... trop proche de moi... lorqu'elle s'assoit sur mon bas rein, mon coeur loupe un battement je... naaah c'est pas vrai ! Elle s'est assis à quelque centimètre de... putain bien trop proche ! Pense à autre chose Nao... DES CHATONS ! OUI ! Pense à des putains de chatons qui jouent dans l'herbe et... bordel ! Elle vient bien de bouger ? Naaaan ! Je ne peux empêcher une certain partie de mon anatomie de se réveiller... je suis un mec après tout c'est normal... non ? Fait chier ! Je déglutis difficilement et soudain mon corps se fige en l'entendant donner le coup de grâce,

- De m'embrasser...

Hein ? Quoi ? ERREUR SYSTEM... mais WAIT ! WHAT ? Je... elle a cru que... euuuh... je suis censé répondre quoi à ça ? Réfléchit Nao... réfléchit... Elle voudrait que je lui réponde par la positive ou négative ? J'ai pas voulu l'embrasser putain mais si elle se vexe parce que je voulais pas le faire ? Et si au contraire elle se vexe si je lui dis que je voulais le faire... putain les filles sont trop compliquées ! Au point qu'on est obligé de réfléchir à 5 coups en avance pour pas sombrer... bon calme toi Nao... calme toi ! Déjà tu vas calmer ton anatomie qui fait des siennes et reprendre tes esprits...

- Je...

Je me racle doucement la gorge et compte juqu'à 5 pour arriver à me calmer,

- Cheong... je... c'est un malentendu je crois. Je... Je te respecte tu vois ? Alors je ne... t'embrasserais pas contre ta volonté... tu... comprends ? Je voulais juste vérifier si tu allais... bien...

Et pourquoi je me mets à rougir moi ? Je suis loin d'être un petit puceau. Fait chier... j'espère qu'elle va pas me détester maintenant. La situations est vraiment ambiguë...

- Cheong... je... c'est un malentendu je crois. Je... Je te respecte tu vois ? Alors je ne... t'embrasserais pas contre ta volonté... tu... comprends ? Je voulais juste vérifier si tu allais... bien...

Il... Il me respectait ? C... Qu'est ce que ça veut dire ? Je... Il ne m'embrassera pas contre ma volonté ? Ca... Ca veut dire qu'il... Je...

Je tournai un regard ahuri sur lui, les yeux écarquillés en grand, je semblai contempler là une aberration. Muette de stupéfaction, je ne parvenais pas à avoir de pensées construites.

- Moi... Ma volonté ?

Depuis quand ma volonté pouvait avoir de l'importance aux yeux des hommes, aux yeux de quiconque en fait!

- Si... Si j'allais bien ?

Soudain, je sentis quelque chose entre mes cuisses et une grande peur me gagna. Je me redressai pour faire quelques pas paniqués en arrière.

- Non, tu mens! Tu...

Je percutais le lit et perdais de nouveau l'équilibre tombant sur ce dernier, les jambes écartés, la jupe relevée. Paniquée, je me recroquevillai sur le coté, en position fœtale. Les larmes gagnant mes yeux, je regardai Naoki à la fois immensément triste et en colère.

- Pourquoi... Pourquoi fais-tu traîner ainsi cruellement les choses!? Tu le veux, n'est ce pas!

- Non, tu mens! Tu...

Je la regarde se lever précipitamment et percuter le lit, tombant dessus... et la mon cerveau se déconnecte quelques secondes en voyant les larmes gagner ses yeux parsemés de tristesse et de... colère ? Merde... j'ai fais une connerie ?

- Pourquoi... Pourquoi fais-tu traîner ainsi cruellement les choses!? Tu le veux, n'est ce pas!

« Et la c'est le drame... » Comme l'aurait dit Kanji mon meilleur pote. Comment on a pu en arriver là? Je suis complètement paumé là... Je me redresse et masse ma nuque en essayant de comprendre ce qu'il s'est passé. Son regard m'a glacé le sang... elle semblait... non j'ai bien l'impression qu'elle est totalement terrifié et aussi... résigné ? Fait chier Cheong... qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Je me lève et m'approche du lit à pas de loup, comme une personne voulant s'approcher d'un oiseau prêt à s'envoler au moindre mouvement trop brusque. Une fois devant le lit, j'attrape la couverture et recouvre Cheong avec, laissant juste dépasser sa tête. Je me mords la lèvre un peu mal à l'aise avant de dire d'une voix calme et triste en même temps,

- Je ne te ferais pas de mal Cheong... jamais... c'est tout simplement pas dans ma nature d'agir comme ça...

En général je fais plutôt sourire et rire mon entourage et non paniquer et pleurer... Je suis un peu perdu du coup. Elle a du vivre des choses dure... Et je ressens de la colère intérieurement contre les personnes qui l'ont obligé à agir ainsi envers les hommes... Je soupire avant de demandé doucement,

- Est-ce que tu veux que je parte ? L'infirmière va bientôt revenir...  Tu pourras te reposer d'ici là...

Les yeux écarquillés par la surprise, embués de larmes, je tremblai en le regardant, stupéfaite. Devait-il exister des êtres comme lui, des hommes ayant un cœur à la place du pénis ? Capable de dire tous ces mots doux et incapable de faire du mal à autrui ? N'étais-ce pas là, la seule grâce des anges ?

Il m'avait couvert d'un geste doux comme pour m'offrir une protection face à un monde qui me semblait n'être alors fait que d'ombres menaçantes.

- Est-ce que tu veux que je parte ? L'infirmière va bientôt revenir...  Tu pourras te reposer d'ici là...

Qu'il parte? Alors qu'en cet instant j'étais enfin touché par sa lumière. Etait-il fou !? Il n'en était pas question et quitte à me mettre en danger, je me rejetai en avant pour me blottir contre son torse, espérant que ses bras viennent m'enserrer.

Il y avait quelque chose de pire que les blessures et les souillures. Il y avait la solitude. La pleine et entière solitude, vide de sourires et de chaleurs, vous enveloppant même dans la foule et vous étouffant en silence. Et je ne voulais plus être seule!

Accrochant mes doigts fins à sa chemise, j'éclatai en sanglots et hoquetante, ajoutai:

- Reste... Omura... Naoki....

J'avais là peut-être trouvé mon premier ami! Je ne voulais pas le voir partir!

Ne sachant pas quoi faire dans une telle situation, je lui ai proposé de partir mais je me retrouve encore plus désemparé quand cette dernière se jette contre moi pour se blottir contre mon torse. Je reste un moment interdit, ne sachant pas quoi faire... puis la sentant si tremblante et si fragile dans mes bras, je referme doucement mes bras autour d'elle. Je l'enlace doucement, ne serrant pas trop fort afin qu'elle ne se sente pas entravé, qu'elle puisse se libérer de mon étreinte si elle le veut. Je suis encore plus désemparé lorsqu’elle éclate en sanglot,

- Reste... Omura... Naoki....

Un peu hésitant sur la marche à suivre, je pose délicatement ma main sur sa tête et caresse doucement ces cheveux avant de m'assoir sur le lit à côté d'elle,

- Je vais rester alors...

On reste ainsi, dans la même position, de crainte de lui faire peur si je bouge. J'attends qu'elle se calme, lui murmurant des paroles rassurante. Je ne sais pas si ça fait vraiment effet, mais elle semble plus calme qu'avant ? Le temps semble un peu figé dans cette espace... cet instant semble intime, j'ai envie de la... protéger ? J'ai pas de petite soeur, mais si j'en avais une, je pense que je tuerais tout ceux qui lui auraient fait du mal. Je ne connais pas l'histoire de Cheong... mais si je tombe sur les personnes qui lui ont fait si mal... ça va mal allé pour eux ! Je soupire intérieurement... ouais ? Et tu comptes faire quoi Nao ? Leur péter la gueule avec tes faibles muscles ? L'espoir fait vivre... Une fois que les sanglots se sont totalement tarie, je demande doucement à Cheong,

- Ca va mieux ? Tu veux te reposer encore un peu ? Je veillerai sur toi... promis...

Il eut alors un geste qui me transporta de bonheur. Il se mit à me caresser les cheveux. C'était si... Inédit ?! Et en même temps, c'était si doux, si terriblement doux. Je n'avais jamais ressentie une telle douceur et mes larmes se tarirent bien vite alors que je goutai à cet étrange plaisir, celui d'être... Aimé ?

- Je vais rester alors...

En avais-je seulement le droit ? Pouvais-je prétendre à obtenir cette affection? Lui avais-je forcé la main? Le faisait-il pour de mauvaises raisons ? Des questions s'enchainèrent dans mon esprit mais elles ne pouvaient pas vraiment me détourner du plaisir que je ressentais alors.

Mon cœur battait et mon corps se réchauffait. J'avais presque l'impression que je pourrais de nouveau m'endormir à mesure qu'il me caressait la tête.  Pourtant, il était évident que nous ne pouvions rester ainsi pour l'éternité.

- Ça va mieux ? Tu veux te reposer encore un peu ? Je veillerai sur toi... promis...

Non, la réalité me revenait à l'esprit. J'étais dans une infirmerie et une infirmière ne tarderait plus. Elle poserait immanquablement des questions qui me mettrait dans l'embarras. Et peut-être voudrait-elle m'examiner, ce qui entrainerait encore d'autres problèmes... Non, il fallait partir. Mais, je ne voulais pas partir... Sans lui.

- Emmène-moi... Je veux partir, avec toi. Je ne veux pas voir l'infirmière. S'il te plaît.

Dis-je en levant mes yeux encore mouillés par mes larmes pour croiser ceux de Naoki. Pourquoi n'avais-je pas remarqué jusqu'à lors à quel point il était beau ?

J'attends sa réponse, continuant de caresser ses cheveux qui sont incroyablement doux. Je la sens soudain se crisper un peu dans mes bras. Elle lève soudain ses yeux encore brillant de larme et me dit alors,

- Emmène-moi... Je veux partir, avec toi. Je ne veux pas voir l'infirmière. S'il te plaît.

Je jette un regard vers la porte. L'infirmière doit être encore en réunion mais elle ne tardera pas à revenir. Je me mords la lèvre inférieur, pensif. Que dois-je faire ? Cheong va-t-elle mieux ? Est-ce bien qu'elle parte sans voir une professionnelle de la santé ? Je repose mon regard sur elle et la réponse me vient en voyant son regard. Elle ne semble pas vouloir la voir... mais pourquoi ? Je ne comprends pas trop mais si elle ne veut pas la voir, je ne devrais pas l'y obliger non ? Je lui souris doucement,

- Dans ce cas on devrait filer avant qu'elle ne revienne...

Je me lève, l'entrainant avec moi et attrape nos vestes. Je l’entraine avec moi vers la porte, puis m'arrête pour regarder à l'extérieur. Le couloir est désert... je jette un regard vers l'horloge murale... les cours ont déjà repris vu l'heure qu'il est. Je me tourne vers ma partenaire et souris,

- La voie est libre... vient !

Je l'entraine dans le couloir, la tenant toujours par la main. Nous descendant les escaliers, puis une fois le hall traversé, je m'arrête à l'entrée de l'école le temps d'enfiler nos chaussures. Je me tourne vers elle, puis l'entour de sa veste, la protégeant du froid extérieur qui semble assez fort. Je la regarde un peu interrogateur,

- On a deux choix... soit on retourne en cours... soit... on va ailleurs ?

Bon pour une mauvaise idée ça doit sans doute en être une... c'est son premier jour et je l'incite direct à sécher les cours ? Tu aurais pas une idée plus brillante Naoki ? Nan mais sérieux parfois je me foutrais des baffes... mais bon elle a peu-être pas envie de retourner en cours direct... à elle de choisir...

Son instant d'hésitation fut pour moi horriblement long. Allais-je devoir lui échapper et ainsi briser ce que nous avions partagé jusqu'à maintenant? Il ne comprendrait pas. C'était certain. Mais il finit par me sourire.

- Dans ce cas on devrait filer avant qu'elle ne revienne...

C'était un ange. Et il m'entraina alors avec lui pour sortir dans le couloir. C'était si étrange pour moi d'être ainsi menée par la main. Et puis, il y avait le danger, l'horrible danger d'être pris. Ce dernier m'aurait terrifié si j'avais été seule. Mais avec Naoki a mes côtés, je ne ressentais qu'une étrange excitation. Etais-je en train de devenir folle ?

Je me posai la question alors que je le regardai m'entourer de ma veste. Il était si prévenant à mon égard. Je n'étais pas du tout habitué à tant d'attention de la part de quelqu'un. J'eus alors l'étrange désir de l'embrasser et il me fallu faire un effort de volonté pour m'en dissuader. C'était étonnant et toujours aussi excitant.

- On a deux choix... soit on retourne en cours... soit... on va ailleurs ?

Je lus dans son regard. C'était une question... Ouverte? Vraiment? Il était prêt à m'emmener? Ailleurs ? Avec lui? A sécher les cours? Avec moi ? A m'enlever ? Loin de tous ça? Pour passer la journée avec moi ? Cachés ?

Je rougis. Et mes pensées se bousculent et percutent mes émotions chaotiques. Je lui serre la main dans les miennes et évite son regard en fixant un court instant le sol puis, relevant soudain pour regard pour le plonger dans le sien, je franchis le pas.

- Allons ailleurs!

Et j'ai l'impression de me jeter dans la vide tout en laissant quelque chose derrière moi, comme une ombre. Je venais de basculer dans autre chose, de prendre un risque furieux, insensé selon mes propres critères, de me mettre en danger. Mais avec lui, je le savais, je le pouvais.

Naoki...